Monsieur
le DASEN,
La
dégradation du service public d'éducation que nous connaissons
depuis quelques années déjà ne fait que s'accélérer sous votre
impulsion et nous tenons à vous faire part de notre mécontentement.
Nous
souhaitons tout d'abord attirer votre attention sur les préjudices
que vous faites subir aux familles et aux écoliers ardennais,
lorsque vous décidez la fermeture d'une école.
En
effet, une école fermée augmente les difficultés de certaines
familles. Les enfants vont à l'école dans la commune voisine,
mangent à la cantine et fréquentent la garderie pendant la pause
méridienne. Tout cela n'est pas gratuit, la maman (c'est souvent
elle) qui reste à la maison pour s'occuper de ses enfants se voit
privée de cette mission. Les familles doivent payer pour un service
dont elles se passaient quand l'école était maintenue au village,
certaines se retrouvent endettées. Un papa a eu le courage de vous
faire part de son intention de déscolariser ses deux filles, tant
ses difficultés financières sont importantes. Et pour un qui ose
faire la démarche, combien se taisent par crainte d'être
marginalisés ? Vous, qui êtes là pour contrôler l'assiduité des
élèves et faire respecter par les parents l'obligation de
scolariser les enfants de 6 à 16 ans, vous avez laissé ce parent
faire une déclaration d'instruction dans la famille. Vous savez
pertinemment que toutes les familles ne sont pas capables de
remplacer l'école, c'est bien pour cela qu'a été instaurée
l'école publique obligatoire.
Votre
réponse aux problèmes que nous soulevons, nous la connaissons :
la cantine, la garderie ne sont pas de votre compétence mais de
celle des communes. Eh bien, même si cela vous déplaît, nous
pensons que vous êtes responsable de ces dégâts collatéraux.
Pour
ce qui est des préjudices subis, les collégiens ne sont pas en
reste lorsqu'une partie d'un collège est supprimée. Bien sûr
l'utilisation des moyens pédagogiques relève de la compétence du
Conseil d'Administration (de même que la fermeture ou non d'un
site). Mais c'est vous qui en portez la responsabilité quand vous
décidez de réduire les moyens alloués à un collège multi-site,
vous contraignez les Conseils d'Administration à attribuer les
moyens à un seul site et à se prononcer pour la fermeture de
l'autre. Les conséquences pour les collégiens et les écoliers qui
sont transportés en autocar sont là aussi très graves. Nous ne
vous citerons que trois exemples : les élèves de Chagny
obligés de prendre un bus à 6 h 40 pour arriver au collège à 8
h ; ceux de Tannay auront 1 h 35 de route, ceux de Montgon
prendront le bus à midi le mercredi pour arriver chez eux à 13 h
35. On peut raisonnablement penser, qu'avec des temps de trajets
aussi longs et des nuits écourtées d'autant, ces élèves ne seront
pas dans de bonnes conditions pour suivre les enseignements. De plus
certains écoliers voyageront avec les collégiens et devront aussi
se lever très tôt ; qui les accueillera à la descente des bus
une demi-heure peut-être avant le début de la classe ?
Et
là encore, nous pouvons attendre la même réponse : les
transports scolaires relèvent de la compétence du Conseil Général.
Au risque de vous déplaire encore une fois, nous pensons toujours
que vous êtes responsable de ces dégâts collatéraux.
Pendant
des années vos prédécesseurs ont impulsé le développement de
l'enseignement de la langue allemande dans nos écoles primaires :
notre département fut longtemps parmi les mieux classés.
Aujourd'hui, vous annoncez que seule la langue anglaise sera
enseignée. Quel paradoxe au moment où est célébrée la
réconciliation franco allemande ! Mais également à l'heure
d'échanges économiques incontournables avec ce pays frontalier !
Pourtant dans certaines écoles, les moyens en enseignants habilités
en allemand existent et permettent de poursuivre l'enseignement
commencé sans moyens supplémentaires. Jusqu'où allez-vous pousser
le formatage de nos écoliers ardennais en les condamnant à
apprendre l'anglais, toujours l'anglais et rien que l'anglais ?
Après avoir fait
miroiter au lycée de Bazeilles l'avenir d'un pôle académique
cohérent hôtellerie-restauration-tourisme, vous continuez
d'accentuer son déclin en induisant la fermeture à la rentrée
prochaine de deux classes en hôtellerie, une classe de Terminale
professionnelle et une classe de Terminale technologique et en ne
donnant pas suite au projet d'ouverture d'une deuxième classe de
Seconde technologique.
L’argument invoqué
pour justifier la fermeture de l’enseignement général au
lycée
de Bazeilles qui était celui développement de l’hôtellerie
(sic), n'aurait-il
donc servi qu'à manipuler l'opinion ?
Peut-être
êtes vous fier de répondre de manière aussi zélée aux commandes
ministérielles en terme de réductions budgétaires ?
Pour
notre part, nous sommes révoltés du mépris avec lequel sont
traités les élèves et leurs familles qui doivent s’accommoder
comme ils le peuvent des solutions que vous leur imposez.
Nous sommes honteux
qu'un pays qu'on dit des droits de l'homme sacrifie ainsi l'éducation
et l'avenir de ses enfants.
Nous exigeons un
service public d'éducation accessible à tous, obligatoire et
gratuit.
Pour le Collectif, la secrétaire
Anne du Souich